Academia.eduAcademia.edu
CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Histoire, archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles) History, archaeology and archaeometry of the production of brass, bronze and other copper alloy objects in medieval Europe (12th-16th centuries) Sous la direction de Nicolas Thomas & Pete Dandridge Tiré à part / Off-print Thomas N., Péters C., Urban F., Bourgarit D., 2018, « Archéologie et archéométrie du Bassinia, la fontaine médiévale de Huy (Belgique, province de Liège) », in Thomas N., Dandridge P. (éd.), Cuivre, bronzes et laitons médiévaux : Histoire, archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles). Medieval copper, bronze and brass: History, archaeology and archaeometry of the production of brass, bronze and other copper alloy objects in medieval Europe (12th-16th centuries), [Actes du colloque de Dinant et Namur, 15-17 mai 2014. Proceedings of the symposium of Dinant and Namur, 15-17 May 2014], Namur, Agence wallonne du Patrimoine, p. 249-256. (Études et documents, Archéologie ; 39). Études et Documents Archéologie Agence wallonne du Patrimoine 39 Études et Documents Archéologie 39 La série ARCHÉOLOGIE de la collection ÉTUDES ET DOCUMENTS est une publication de l'AWaP Service public de Wallonie Direction générale opérationnelle de l'aménagement du territoire, du logement, du patrimoine et de l'énergie Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) Rue des Brigades d'Irlande, 1 B-5100 Jambes IMPRESSION, DIFFUSION ET VENTE Service publications Résidence du Grand Cortil Place des Célestines, 21 (derrière l'hôtel Ibis) B-5000 Namur Tél. : +32 (0)81.230.703 ou +(0)81.654.154 Fax : +32 (0)81.231.890 publication@awap.be www.awap.be www.patrimoine-publications.be no vert de la Wallonie : 1718 www.wallonie.be En cas de litige, Médiateur de Wallonie : Marc Bertrand Tél. : 0800.191.99 – le-mediateur.be Le texte engage la seule responsabilité des auteurs. L'éditeur s'est efforcé de régler les droits relatifs aux illustrations conformément aux prescriptions légales. Les détenteurs de droits qui, malgré ses recherches, n'auraient pu être retrouvés sont priés de se faire connaître à l'éditeur. Tous droits réservés pour tous pays Dépôt légal : D/2018/14.407/19 ISBN : 978-2-39038-016-0 ÉDITEUR RESPONSABLE Jean Plumier, Inspecteur général-expert COORDINATION ÉDITORIALE Liliane Henderickx CONCEPTION GRAPHIQUE DE LA COLLECTION Ken Dethier MISE EN PAGE Fabien Cornélusse IMPRIMERIE Snel, Vottem COUVERTURE Filon de minerai de cuivre au toit d'une galerie de la mine médiévale de Bouco-Payrol (Aveyron). Photographie : B. Léchelon. Avertissement Depuis le 1er janvier 2018, le Département du patrimoine de la Direction générale opérationnelle de l'aménagement du territoire, du logement, du patrimoine et de l'énergie du Service public de Wallonie, et l'Institut du Patrimoine wallon sont réunis au sein de la nouvelle Agence wallonne du Patrimoine (AWaP). CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Histoire, archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles) History, archaeology and archaeometry of the production of brass, bronze and other copper alloy objects in medieval Europe (12th-16th centuries) Sous la direction de Nicolas Thomas & Pete Dandridge Actes du colloque de Dinant et Namur, 15-17 mai 2014 / Proceedings of the symposium of Dinant and Namur, 15-17 May 2014 Colloque organisé par le Service public de Wallonie et l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ÉTUDES ET DOCUMENTS Archéologie 39 Namur, 2018 Service public de Wallonie Direction générale opérationnelle de l'aménagement du territoire, du logement, du patrimoine et de l'énergie Agence wallonne du Patrimoine Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) Avec l'aide et le soutien : de la Maison du patrimoine médiéval mosan, du Centre culturel régional de Dinant, de la ville de Dinant, et de l'Institut européen du cuivre (Copper alliance) TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES TABLE OF CONTENTS Préface / Foreword 13 Jean Plumier & Dominique Garcia Introduction aux productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles) / Introduction to brass, bronze and other copper-based alloys in medieval Europe (12th16thcenturies) 17 nicolas Thomas & PeTe DanDriDGe PREMIÈRE PARTIE / PART ONE MATIÈRES PREMIÈRES ET APPROVISIONNEMENTS / RAW MATERIALS AND SUPPLIES 24 The Harz Mountains and some thoughts on the copper trade / Le massif du Harz et quelques réflexions sur le commerce du cuivre 25 BasTian asmus Des maîtres du sous-sol aux argentiers : l'exploitation du minerai de cuivre du Midi de la France aux 12e et 13e siècles / From landlords to argentariis: copper mining in southern France in the 12th and 13th centuries 37 BernarD léchelon L'exploitation du cuivre en Europe centrale et dans les Balkans et sa redistribution commerciale à travers les territoires croates aux 15e et 16e siècles / Copper mining in Central Europe and the Balkans and its commercial redistribution across the Croatian territory during the 15th and 16th centuries 51 saBine Florence FaBiJanec A copper smelter in Norway from around 1300 AD: Archaeology and metallurgy, representing a four-step process / Une fonderie de cuivre en Norvège vers 1300 apr. J.-C. Archéologie et métallurgie, représentation d'un procédé en quatre étapes 65 arne esPelunD Études et Documents Archéologie 39 5 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS La peine emporte-t-elle le profit ? Économie de la production du laiton par cémentation au Moyen Âge / Is the benefit worth the effort? The production of brass by cementation in the Middle Ages through an economic perspective 71 nicolas Thomas & DaviD BourGariT Le combustible associé aux fosses de coulée de cloches médiévales : une archive des pratiques artisanales et de l'environnement. Quelques exemples de la région provençale / Fuel for bell manufacturing in the Middle Ages: a record of technical aspect of casting and of the environment. Some examples in South-eastern France 89 isaBelle GilloT, lise DamoTTe, marc Bouiron, Yann coDou & claire Delhon Saxons in Medieval Bosnia and their heritage / Les Saxons en Bosnie au Moyen Âge et leur héritage 97 irFan TeskereDžić DEUXIÈME PARTIE / PART TWO HOMMES ET ATELIERS / CRAFTSMEN AND WORKSHOPS 104 Les métiers du cuivre à Paris vers 1300 : topographie et étude sociale / The copper crafts in Paris around 1300: topography and social study 105 caroline BourleT & nicolas Thomas Loin des grands centres de production, proche des usages… Un chaudronnier du 13e siècle à Douai / Far from big production centres, close to uses… A coppersmith in Douai in the 13th century 115 lise saussus & éTienne louis Des ateliers de dinandiers à Verdun du 12e au 16e siècle / Brazier workshops in Verdun from the 12th until the 16th century 123 laurenT vermarD & nicolas Thomas Copper alloy production in the ex Laboratori Gentili workshops in Chinzica, Pisa / Production d'objets en alliages à base de cuivre dans les ateliers ex Laboratori Gentili à Chinzica, à Pise 129 Francesco m.P. carrera 6 TABLE DES MATIÈRES Copper artisans in Barcelona City (14th-16th centuries): Approached through written sources / Les artisans du cuivre à Barcelone aux 14e et 16e siècles : une approche fondée sur les sources écrites 141 lluïsa amenós Cannon foundry workshop in late medieval Buda (Hungary) at the turn of the 15th-16th centuries / Une fonderie de canons dans la ville médiévale de Buda (Hongrie) entre le 15e et le 16e siècle 155 károlY BelénYesY Les canonniers-fondeurs des ducs de Bourgogne. Recrutement, implantation et rapports au prince (v. 1450-1494) / Gunners and gunfounders of the dukes of Burgundy. Recruitment, establishment, and commitment to the prince (v. 1450-1494) 169 michael DePreTer Enrichissement et ascension sociale des familles de marchands batteurs à Dinant et à Bouvignes au 15e siècle / Accumulation of wealth and upward social mobility of merchant copper beater families in Dinant and Bouvignes in the 15th century 181 Pascal sainT-amanD Les Censore : de Bologne à Rome, une dynastie de fondeurs aux 16e et 17e siècles / The Censore : from Bologna to Rome, a 16th- and 17th191 century founder dynasty emmanuel lamouche TROISIÈME PARTIE / PART THREE TECHNIQUES / TECHNIQUES 204 The Hildesheim baptismal font: A window into Medieval workshop practices / Les fonts baptismaux de Hildesheim : une fenêtre sur les pratiques des ateliers médiévaux 205 PeTe DanDriDGe Chemo-analytical research on objects from the Hildesheim cathedral treasury / Étude physicochimique d'objets provenant du trésor de la cathédrale de Hildesheim 219 Daniel FellenGer, DoroThee kemPer, roBerT lehmann & carla voGT Études et Documents Archéologie 39 7 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS La place des cloches dans les productions en alliages cuivreux : spécificités techniques à travers les vestiges archéologiques d'ateliers italiens / The place of bells in copper alloy production: technical specificities through the examination of archaeological vestiges of Italian workshops 227 elisaBeTTa neri & enrico GiannicheDDa Bell casting activity in medieval Leopoli-Cencelle (Italy): technological patterns and sociocultural implications / La fonderie de cloches dans la ville médiévale de Leopoli-Cencelle, en Italie : modèles technologiques et implications socioculturelles 239 mainarDo GauDenzi asinelli Archéologie et archéométrie du Bassinia, la fontaine médiévale de Huy (Belgique, province de Liège) / Archaeology and archaeometry of the Bassinia, the medieval fountain of Huy (Belgium, Province of Liège) 249 nicolas Thomas, caTherine PéTers, Françoise urBan & DaviD BourGariT Brass or bronze for Medieval harp strings? / Laiton ou bronze, pour les cordes de harpe au Moyen Âge ? 257 Paul DooleY & PeTer Tiernan Medieval and Renaissance Italian statuary copper alloys / Alliages à base de cuivre de la statuaire italienne médiévale et de la Renaissance 271 Jean-marie WelTer Copper alloy use in 16th-century Northern Italy associated with the workshop of Severo da Ravenna / L'utilisation des alliages à base de cuivre au 16e siècle dans le nord de l'Italie, associée à l'atelier de Severo da Ravenna 285 DYlan smiTh The lasagna method for lost wax casting of large 16th-century bronzes: searching for the sources / La variante lasagna à l'épargné de la fonte à la cire perdue des grands bronzes au 16e siècle : à la recherche des origines 297 manon casTelle, DaviD BourGariT & Francesca G. BeWer 8 TABLE DES MATIÈRES Analysis of archaeometallurgical finds from a late to postmedieval foundry in Dubrovnik, Croatia / Analyse des découvertes archéométallurgiques dans une fonderie en activité à Dubrovnik, en Croatie, à la fin du Moyen Âge et au début de l'époque moderne 309 carloTTa GarDner, marcos marTinón-Torres, nikolina ToPić & želJko Peković QUATRIÈME PARTIE / PART FOUR PRODUITS, COMMERCE ET ÉCHANGES / PRODUCTS, TRADE AND EXCHANGES 326 Engraving examples for a right way life: the Romanesque bronze bowls in Vercelli / Trois bassins en bronze de style roman à Vercelli : différents exemples de gravures sur la vertu 327 silvia Faccin L'utilisation des alliages cuivreux dans les mécanismes de serrure et de cadenas entre le 8e et le 16e siècle / The use of copper alloys in locks and padlocks between the 9th and 16th centuries 335 maThieu linlauD Les lutrins en laiton dits anglais. Approches technique et archivistique / Brass lecterns so-called English. Technical and archival approaches 347 monique De rueTTe Late medieval brass eagle lecterns: historical and geographical context / Aigle-lutrins en laiton de la fin du Moyen Âge : contexte historique et géographique 357 chrisToPher Green & roDerick BuTler Relief copper alloy tombs in medieval Europe: image, identity and reception / Les tombeaux de cuivre en relief dans l'Europe médiévale : image, identité et réception 365 soPhie oosTerWiJk & sallY BaDham Monumental dinanderie: Achievement and tradition of metal sculpture in the Low Countries in the late Gothic and Renaissance period / Dinanderie monumentale : réalisation et tradition de sculptures en métal aux Pays-Bas à la fin de l'ère gothique et à la Renaissance 377 lisa Wiersma Études et Documents Archéologie 39 9 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Brass in the Medieval Islamic World & contact with Europe / Le laiton dans le monde islamique médiéval et les contacts avec l'Europe 387 susan la niece De métal et de terre : concurrence, emprunts et influences dans la vaisselle, du Moyen Âge à l'époque moderne, à partir d'exemples de la mer du Nord à la Méditerranée / Of metal and clay: competition, borrowings and influences in crockery, from the Middle Ages to the Modern Age, based on examples from the North Sea to the Mediterranean 395 soPhie challe, FaBienne ravoire, caTherine richarTé-manFreDi & nicolas Thomas Adresses de contact des auteurs / Contact adresses of the authors 411 Comité scientifique du colloque et évaluateurs des articles / Scientific committee of the symposium and reviewers of the articles 416 10 PRÉFACE Du 15 au 17 mai 2014, s'est tenu à Dinant et à Namur le colloque international Histoire, archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l'Europe médiévale (12e-16e siècles). Ces journées font partie d'un programme de recherches autour des productions en alliage à base de cuivre de la vallée de la Meuse mené conjointement par le Service Public de Wallonie, (Belgique) et l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap, France). Ce partenariat réunissant les deux principaux acteurs de la recherche archéologique des deux côtés de la frontière a également abouti à la présentation au grand public d'une exposition L'or des dinandiers : Fondeurs et batteurs mosans au Moyen Âge, à la Maison du patrimoine médiéval mosan, entre les mois de mars et novembre de la même année. Cette année 2014 fut également l'Année de l'archéologie en Wallonie « Archéo 2014 », célébrant les 25 ans de régionalisation de la compétence archéologique en Belgique. C'est dans ce programme de festivités que le colloque et l'exposition ont pris naturellement place, offrant à un large public les résultats des recherches entreprises. On ne peut que se réjouir aujourd'hui que les Actes de ce colloque paraissent dans la foulée de la restructuration de l'Administration wallonne en charge du Patrimoine. En effet, dans les missions de la nouvelle Agence wallonne du Patrimoine sont maintenus les volets « études, recherches et publications » aux côtés des missions régaliennes et opérationnelles menées antérieurement par le Département du Patrimoine du SPW et l'Institut du Patrimoine wallon. Le travail du cuivre et de ses alliages pourrait paraître un sujet extrêmement pointu, d'autant plus pour la période restreinte entre les 12e et 16e siècles, limites chronologiques données par le colloque. Et pourtant, cette manifestation a réuni pendant trois jours plus d'une centaine FOREWORD During 15-17 May, 2014, the international symposium History, Archeology and Archeometry of Brass, Bronze and Other Copper-Based Alloys in Medieval Europe (12th-16th centuries) was held in Dinant and Namur. The meeting was part of a research program focused on the copper-based alloy productions of the Meuse Valley jointly conducted by the Public Service of Wallonia (Belgium) and the National Institute for Preventive Archaeological Research (Inrap, France). The partnership, which brings together the two main archaeological research communities on either side of the border, was responsible as well for the exhibition, L'or des dinandiers: Fondeurs et batteurs mosans au Moyen Âge, which was intended for the general public and installed at the Mosan Medieval Heritage Centre between March and November of 2014. 2014 was also the "Year of Archaeology" in Wallonia (Archéo 2014), celebrating the 25th anniversary of the regionalization of archaeology in Belgium. It was within this program of festivities that the symposium and the exhibition naturally took place serving to present the results of their research to a wider audience. We are now delighted that the proceedings of this symposium are being published following the restructuring of Wallonia's heritage authorities. Indeed, it is the mission of the new Wallonia Heritage Agency (AWaP) to sustain a program of study, research and publications, while continuing to be responsible for the governance and operational duties previously performed by the Heritage Department of the SPW and the Wallonia Heritage Institute. An investigation of copper and its alloys might seem a highly specific subject, especially when restricted to the period between the 12th and 16th centuries, the chronological limit set for the symposium. And yet, this event gathered together for three days over a hundred participants from across Europe, Études et Documents Archéologie 39 13 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS de participants venus des quatre coins de l'Europe, et même d'autres continents, invités à partager leurs travaux les plus récents à travers une soixantaine de communications dont trente-quatre sont réunies dans le présent ouvrage. Les contributions rassemblées autour du cuivre, sous la forme de matière première ou d'objets constituant une part importante de la culture matérielle de la période, mettent en évidence de nombreux angles d'approche, variés et complémentaires. La diversité des chercheurs concernés (archéologues, historiens, historiens de l'art, métallurgistes, restaurateurs et chimistes) ont permis de confronter les nombreuses sources et les multiples méthodes dans un objectif partagé, démontrant une fois encore l'intérêt d'une approche interdisciplinaire et la nécessité d'un dialogue permanent entre experts d'horizons différents. 14 and even other continents, to share their most recent work in sixty presentations of which thirty-four are in this book. The contributions in this compilation all address the subject of copper, as a raw material or in the form of objects representing an important part of the material culture of the period, and highlight the many varied and complementary approaches taken to its study. The diversity of the researchers involved (archaeologists, historians, art historians, metallurgists, conservators, and chemists) enabled them to exchange their varied sources and methodologies toward a common goal, demonstrating once again the value of an interdisciplinary approach and the need for ongoing dialogue between experts from different backgrounds. Dans la préface de ce recueil, nous tenons à remercier tous les chercheurs qui ont accepté de partager leurs recherches, la « Cellule Events » de la DGO4 qui a pris en charge l'organisation opérationnelle et logistique de la manifestation, mais aussi Nicolas Thomas et Pete Dandridge pour avoir réuni ces travaux jusqu'à la publication de ce livre. La Maison du patrimoine médiéval mosan, en particulier Claire-Marie Vandermensbrugghe, sa directrice, et le Centre culturel régional de Dinant, la ville de Dinant et l'Institut européen du cuivre ont apporté leur aide logistique et financière dans le cadre de l'organisation du colloque. In the preface to this collection of papers, we would like to thank all the researchers who have been kind enough to share their research, the Events Department of DG04 which was responsible for the organization and logistics associated with the event, and also Nicolas Thomas and Pete Dandridge for compiling these works and preparing them for publication in this book. The Mosan Medieval Heritage Centre, particularly its manager Claire-Marie Vandermensbrugghe, and the Regional Cultural Centre in Dinant, the Dinant City Council and the European Copper Institute provided logistical and financial assistance during the organisation of the symposium. Enfin, puisse cette publication augurer d'un développement des liens de coopération entre nos deux institutions, l'AWaP et l'Inrap, qui, outre le fait qu'elles relèvent toutes deux du Service public, ont des intérêts communs évidents à partager leurs compétences et savoirfaire, tant dans l'acquisition des données que dans leur exploitation et leur restitution. Finally, we hope this publication augers well for the development of a close collaborative relationship between our two institutions, the AWaP and INRAP, which, in addition to both being public services, have an obvious common interest in sharing their skills and expertise both in the acquisition of data and in its exploitation and dissemination. Nous n'oublions pas que ces perspectives organisées au plus haut niveau de nos institutions passent par des liens humains forts de respect, de confiance, voire d'amitié parfois, We are well aware that these possibilities, organised at the highest levels of our institutions, create strong relationships based on respect, trust, and sometimes friendship, PRÉFACE entre des femmes et des hommes qui unissent leur passion pour la recherche et s'épanouissent dans leur travail dans l'intérêt général. between men and women, who share their passion for research and thrive in the work they undertake in the publics' interest. Jean Plumier insPecTeur Général-exPerT De l' aWaP General insPecTor Wallonia heriTaGe aGencY namur, BelGique Dominique Garcia PrésiDenT exécuTiF De l'inraP execuTive PresiDenT oF inraP Paris, France Études et Documents Archéologie 39 15 INTRODUCTION AUX PRODUCTIONS EN LAITON, BRONZE ET AUTRES ALLIAGES À BASE DE CUIVRE DANS L’EUROPE MÉDIÉVALE (12E-16E SIÈCLES) INTRODUCTION TO BRASS, BRONZE AND OTHER COPPERBASED ALLOYS IN MEDIEVAL EUROPE (12TH-16TH CENTURIES) nicolas Thomas & PeTe DanDriDGe Aujourd'hui, il est bien difficile de poser un regard sur notre monde sans y déceler la présence, cachée ou non, du cuivre ou d'un de ses alliages. Ce métal est littéralement partout : dans tous les circuits électriques, les canalisations de nos maisons, dans nos voitures, trains, avions… Ce ne sont là que quelques exemples. Au Moyen Âge, le cuivre et ses alliages semblent afficher une présence plus discrète. Le métal le plus répandu est le fer qui constitue l'essentiel des métaux transformés, produits et consommés dans les villes comme dans les campagnes. Toutefois, entre les 12e et 16e siècles, la place du cuivre dans l'Europe médiévale n'en est pas moins remarquable : de Salerne à Londres, de Novgorod à Paris, il est présent sur tous les costumes sous forme de paillettes, de clous décoratifs, de boucles de ceinture et autres accessoires du costume. Il s'introduit progressivement dans toutes les cuisines comme pots à cuire, chaudrons ou poêles, dans les maisons plus ou moins cossues, même dans celles de la classe laborieuse. On le trouve sur la table quand il est chandelier, aiguière ou encore bassin pour se laver les mains. Les inventaires après décès et les testaments en témoignent. Nombre de petits objets comme ceux de moyennes dimensions, de quelques grammes à quelques kilogrammes, sont des productions de masse réalisées en série, exportées sur de longues distances et participant à l'économie globale de l'Occident tout en formant un horizon culturel commun. Difficile de trouver une fouille archéologique sans plusieurs boucles de ceinture trouvées dans les niveaux du Bas Moyen Âge, un péage où les articles de batterie ne font pas l'objet de taxation, une foire où l'on ne voit un étal de vaisselle de cuivre. À Paris même, aux Champeaux, les chaudronniers disposent Today, it is very difficult to look at our world without discovering the presence, hidden or not, of copper or one of its alloys. Copper is literally everywhere. For example, it can be found in all electrical circuits, in the pipes of our houses, and in our cars, trains, and planes. In the Middle Ages, copper and its alloys seem to have had a more discreet presence. The most widespread metal was iron, which constituted the bulk of the metals processed, produced and consumed in medieval cities as well as in the countryside. However, between the 12th and 16th centuries in medieval Europe, the status of copper and its alloys was no less remarkable: from Salerno to London, from Novgorod to Paris, it was present on all clothing as pins, mounts, belt buckles and other dress accessories. It was gradually introduced into every kitchen, in the houses of the wealthier classes as well as in those of the working class, in the form of cooking pots, cauldrons and pans, and it found its way onto dining tables as candlesticks, ewers, or basins for washing hands. Wills and probate inventories bear witness to these multiple object types. Many small to medium sized objects, from a few grams to a few kilograms, were mass produced in series and exported over long distances as part of the global economy of the West contributing to the formation of a common cultural perspective. For the late Middle Ages, it is difficult to find an archaeological excavation that does not contain several belt buckles, a tax roll in which dinanderie is not listed, or a record of a fair without a stall of copperware. In Paris, in the Champeaux area, boilermakers had a covered market along the Rue de la Ferronnerie from the end of the 13th century on. For their trade in England, Études et Documents Archéologie 39 17 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS d'une halle le long de la rue de la Ferronnerie dès la fin du 13e siècle. Pour leur commerce en Angleterre, les Dinantais, considérés comme marchands de la Hanse teutonique, possèdent là leur entrepôt au bord de la Tamise, sur les quais de Londres. À ces productions s'opposent d'autres aux caractéristiques non moins spectaculaires : le métal devient ostentatoire. Dans les églises, les bénitiers, crosses, croix, chandeliers, lutrins, fonts baptismaux, encensoirs, ciboires mais aussi portes, colonnes, lames funéraires ou encore cloches donnent à voir ou à entendre. Au sommet des beffrois, cloches et carillons participent aussi à renforcer le prestige des villes les plus opulentes. Le cuivre brille sur les toits, comme couverture ou, plus modestement, comme girouette des édifices civils ou aristocratiques. À Goslar, à Pérouse ou encore à Huy, le cuivre se métamorphose en fontaines, à Rome ou ailleurs en statues… Ces utilisations, qu'elles soient plus ou moins répandues ou exceptionnelles, ont un point commun : ce sont des productions sur commande. Même si l'on peut percevoir ici et là des indices de série, le plus souvent, ces œuvres sont l'aboutissement d'un lien direct entre un commanditaire, ecclésiastique, aristocratique, ou la ville elle-même, et un fabricant. On trouve aussi le cuivre et ses alliages dans nombre d'artisanats et d'activités particulières : chaudières pour les brasseurs, les teinturiers et les étuves, mesures et balances pour le commerce des denrées vendues au poids ou en volume, mortiers et alambics chez l'apothicaire, sous forme de fil pour les formes à papier ou dans les instruments de musique… Moins pacifique, et requérant des quantités de métal toujours croissantes entre le milieu du 14e et le 15e siècle, le cuivre allié à l'étain se fait canon, bombarde, couleuvrine, fauconneau… Les emplois très diversifiés du cuivre, allié à l'étain, au zinc et au plomb, dans des proportions variables, sont d'abord dus aux propriétés physiques et mécaniques de ces multiples alliages. Ils possèdent une excellente conductibilité thermique, appréciée pour les chaudrons, poêles et chaudières, mais aussi une résistance à la 18 the Dinant merchants, treated as part of the Hanseatic League, possessed their own warehouse on a London quay on the banks of the Thames. Apart from these utilitarian products, there were others that were no less spectacular; indeed, the metal came to serve ostentatious purposes. Copper alloy stoups, croziers, crosses, candlesticks, lecterns, baptismal fonts, censers, and ciboria were introduced into churches along with doors, columns, funerary effigies and bells. These objects were intended to be seen as well as heard. From the top of the belfries, bells and carillons also helped to announce the prestige of the most opulent cities. Copper shone on the roofs, as a covering layer or, more modestly, as a weather vane for civic or aristocratic buildings. In Goslar, Perugia and Huy, copper was transformed into fountains or, in Rome and elsewhere, into statues. All of these forms of copper had one thing in common, whether or not they were generic or unique: they were all made to order. Even if one can find evidence for occasional series production, most often, these works resulted from a direct link between a sponsor—ecclesiastical, aristocratic, or the city itself—and a manufacturer. Copper and its alloys were also utilized in many craft and specialist activities: boilers for brewers, dyers and public baths; measures and scales for the sale of food sold by weight or volume; mortars and alembics for the apothecary; wires for deckles used in paper making or for musical instruments. Serving less peaceful purposes was the ever increasing amount of copper alloyed with tin that was used between the middle of the 14th and the 15th century for the manufacture of cannons, mortars, culverins, and falconets. The very diverse uses of copper, often alloyed with tin, zinc and lead in varying proportions, are due to the physical and mechanical properties of its multiple alloys. Their excellent thermal conductivity is advantageous for use in pots, pans and boilers while also being highly resistant to corrosion. The colour range is extensive: red to pink and yellow for brasses with the variation INTRODUCTION AUX PRODUCTIONS EN LAITON, BRONZE ET AUTRES ALLIAGES À BASE DE CUIVRE DANS L’EUROPE MÉDIÉVALE (12E-16E SIÈCLES) corrosion. La gamme de couleur de ces alliages est étendue : du rouge au rose et jusqu'au jaune plus ou moins soutenu en fonction de la teneur en zinc pour les laitons. Cet éclat proche de l'or a rendu ces laitons très attractifs pour la parure, pour le mobilier de la maison, celui dont on fait étalage, ou encore pour de plus grandes œuvres décoratives. Le cuivre peut aussi être doré pour afficher une surface plus opulente. L'attrait est également à chercher dans les propriétés mécaniques comme la résistance au choc : un chaudron de bronze est autrement plus robuste que son homologue en terre cuite. Les techniques de mise en forme sont variées, notamment par déformation plastique. Le cuivre est malléable et ductile, certains de ses alliages également. La plupart de ces matériaux peuvent être travaillés à froid, par martelage ou étirage pour les mettre en feuille ou en fil. Ils possèdent la faculté d'être mis en œuvre par fonderie, par coulage dans des moules. En plus du polissage donnant de la brillance, ces alliages sont usinables : ils peuvent subir des enlèvements de matière par ciselage, ou encore par alésage, par exemple pour les canons, les pièces d'horlogerie ou les instruments scientifiques. Le bronze, avec une concentration en étain autour de 20 %, sonne de façon remarquable, ce qui en fait le matériau incontournable pour les cloches ou les cymbales. Enfin, le cuivre et ses alliages sont facilement recyclables par fonderie. Toutes ces propriétés ont été exploitées au Moyen Âge. Du fait de ses propriétés physico-chimiques, le cuivre est un métal demi noble, intermédiaire entre le fer et les métaux précieux. Il bénéficie d'une position similaire du point de vue de sa disponibilité et de sa valeur intrinsèque. La matière première est accessible, mais pas partout. L'Europe possède quelques grands gisements et de maints autres plus modestes, mais rien de comparable avec le fer tant du point de vue du nombre que de celui des conditions d'accès au minerai nettement plus aisées pour ce métal plus commun. Pour la période, les mines les plus importantes se trouvent en Allemagne, en Suède et en Italie. De fait, une fois les minerais transformés en métal, le cuivre voyage beaucoup en Europe, parfois sur de longues distances. Même si le recyclage très organisé dans les principally based upon the zinc content. This gold-like luster makes brasses very attractive for finery, furniture that has pride of place in the home, and large decorative works. Copper can also be gilded to create an even more opulent surface. The alloys' attractions are also attributable to their mechanical properties, such as impact resistance—a bronze cauldron is more robust than its terracotta counterpart. Copper and some of its alloys are both malleable and ductile. Their ability to be plastically deformed allows their shaping by varied techniques. Most can be cold worked by hammering, formed in sheet or wire, or cast by pouring into molds. In addition, these alloys can be polished to a high shine, chiseled to remove material, and in the instance of guns, timepieces or scientific instruments, machined or bored. Bronze with a concentration of around 20% tin resounds remarkably, making it the essential material for bells and cymbals. Finally, copper and its alloys are easily recyclable by the foundry. All these properties were exploited in the Middle Ages. Because of its physicochemical properties, copper is a semi-noble metal, intermediate between iron and precious metals. It enjoys a similar position relative to its availability and intrinsic value. The raw material is accessible but is not found everywhere. Europe has some large deposits and many more modest ones, but nothing comparable with iron ore in terms of supply and accessibility. During the medieval period, the largest mines were in Germany, Sweden and Italy. Therefore, once the minerals were turned into metal, copper was traded throughout Europe, sometimes over long distances. Even if recycling was well organized in the cities to ensure a part of their required supply, the increasing trade in goods and ever increasing needs of the market meant there was always a demand for fresh metal. From the 12th century, the search for new mines intensified throughout Europe. The metal was sought for itself, but its ores were also valued for more than just their copper content. At times copper ore was argentiferous, so copper became a byproduct of the extraction of silver, a coveted metal required to meet the monetary needs accompanying economic growth and trade. Études et Documents Archéologie 39 19 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS villes assure une partie des approvisionnements, la diffusion croissante des productions et les besoins toujours plus importants créent une demande en métal neuf. À partir du 12e siècle, les recherches minières s'intensifient partout en Europe. Le métal est recherché pour lui-même, mais pas seulement. Parfois argentifère, le cuivre devient alors un sous-produit de l'argent, ce dernier métal étant convoité pour satisfaire les besoins en création monétaire accompagnant la croissance économique et les échanges. Du matériau au produit, les conditions sont réunies pour qu'un véritable marché se développe à une échelle globale. Néanmoins, il manque à ce tableau brossé à grands traits les capacités techniques des moyens de production pour satisfaire la demande. Accompagnant le développement des villes où se concentrent à la fois la consommation et la production, les métiers s'organisent lentement au 12e et surtout au 13e siècle. Pour le travail du métal, partout en Europe, la tendance est à la spécialisation des métiers. Si l'archéologie vient parfois nuancer cette image donnée par les sources écrites, les fouilles d'ateliers métallurgiques permettent aussi de mieux appréhender les techniques et les savoir-faire, notamment au moyen de l'étude des chaînes opératoires et de l'analyse des objets et des déchets. On constate une standardisation des alliages, du moins pour la fonderie, une concentration des savoir-faire dans les mains de quelques-uns en même temps qu'une hiérarchisation au sein des ateliers et enfin une rationalisation permettant des productions à bas coût. À l'extrême, ces transformations de l'activité de mise en forme des objets favorisent la naissance d'un salariat et la mainmise du capitalisme marchand sur certains ateliers tournés vers les grands marchés d'exportation. L'adaptation des techniques au marché se fait par une algorithmisation toujours plus intense des savoir-faire et une segmentation 1 20 Nous faisons ici la distinction entre les savoir-faire algorithmisés et ceux incorporés. Un savoir-faire algorithmisé est fondé sur la maîtrise d'algorithmes facilement décomposables et transmissibles notamment par un texte. Un savoir-faire incorporé résulte de l'expérience personnelle et peut difficilement être décomposé en séquences. La transmission se fait par l'apprentissage et le mimétisme. From raw material to finished product, the conditions were right to develop a significant market on a global scale. However, what was missing from this broadly painted picture, was the technical capability of production to satisfy demand. Accompanying the development of cities where both consumption and production were concentrated, trades were gradually organized into guilds during the 12th and especially the 13th centuries. For metalworking, the trend throughout Europe was towards the specialization of trades. Archaeology sometimes provides a more nuanced view than the written records, while the excavations of metallurgical workshops, the study of their production processes and the analysis of their associated objects and wastes also help us better to understand the underlying techniques and knowledge. There was a standardization of alloys, at least for the foundry, a concentration of knowledge in a few hands, a workshop hierarchy, as well as a rational production process that minimized costs. In the extreme, these transformations in the activity of shaping objects promoted the emergence of a wage earning society, and the domination of certain workshops governed by mercantile capitalism and geared toward major export markets. The transformation of production techniques suited to this market was marked by an increase in algorithmic know-how and a segmentation in production processes especially noticeable in the manufacture of objects of little value and in the foundry.1 In contrast, the creation of custom-made products and the maintenance and repair of objects offered opportunities for local markets to grow in cities. And finally, workshops were not always permanent but could move according to changing demands and needs. At the end of the Middle Ages, several important innovations gradually spread through Europe 1 We do distinguish here between the algorithmic know-how and embodied know-how. Algorithmic know-how is guided by algorithms that are easily segmented and transmitted, e.g. through texts. Embodied know-how depends on personal experience and is difficult to divide into sequences: it is instead acquired by learning through practice and imitation. INTRODUCTION AUX PRODUCTIONS EN LAITON, BRONZE ET AUTRES ALLIAGES À BASE DE CUIVRE DANS L’EUROPE MÉDIÉVALE (12E-16E SIÈCLES) des chaînes opératoires que l'on remarque surtout dans la production d'objets de peu de valeur ou dans la fonderie1. À l'opposé, les productions sur commande, mais aussi l'entretien et la réparation de la vaisselle, offrent l'opportunité à un marché de proximité de s'accroître dans les villes. En outre, l'atelier n'est pas toujours un lieu fixe, il peut se déplacer au gré des commandes et des besoins. À la fin du Moyen Âge, plusieurs innovations importantes vont progressivement se diffuser en Europe et modifier peu à peu les structures de l'industrie du cuivre. Le four à réverbère, dont le lieu comme la date d'apparition demeurent flous, se généralise au cours du 16e siècle. Ce type de structure fonctionne par convection, et donc sans soufflet, et le bain de métal placé dans un large bassin est séparé du foyer. Il permet de fondre des quantités de métal en une seule fois toujours plus importantes, jusqu'à plusieurs tonnes, tout en contrôlant plus efficacement toutes les étapes de la fusion du métal jusqu'à la coulée. Sans doute l'essor et les besoins de l'artillerie de bronze sont-ils à l'origine de ce progrès dans la fonderie. La mécanisation ensuite, alors que l'énergie hydraulique est largement utilisée durant les 14e et 15e siècles dans la métallurgie du fer, et plus marginalement pour le cuivre, le martinet à cuivre se propage dans toute l'Europe seulement à la fin de la période. Ce recours à cette énergie conduit à délocaliser le battage du cuivre, les affineries, voire la fabrication de produits finis ou de semi-produits, loin des villes, dans des vallées. Enfin, du côté des mines, la mécanisation s'étend aux opérations minéralurgiques avec le bocard concassant le minerai. L'appareil s'améliore significativement entre la deuxième moitié du 15e siècle et au cours du 16e siècle. Autre innovation, le Saigerprocess, procédé de traitement du cuivre argentifère par liquation et ressuage, est mis au point et perfectionné en Allemagne au milieu du 15e siècle. Le procédé permettant d'extraire encore plus efficacement l'argent du cuivre, et donc l'exploitation de gisements jugés avant peu rentables, nécessite de nombreuses opérations métallurgiques successives, et des investissements très lourds largement documentés par le livre XI du De re and, little by little, changed the organization of the copper industry. The reverberatory furnace, whose place of origin and date of appearance remain unclear, came in general use during the 16th century. It works by convection, therefore without bellows, and the metal is melted in a large bowl separate from the hearth. It can melt larger quantities of metal in one go, up to several tons, while controlling more effectively all stages from the metal's melting to its casting. No doubt the increasing demand for bronze artillery was the impetus behind this advance in the founding process. While hydropower was widely used during the 14th and 15th centuries in iron metallurgy, and more marginally for copper, its mechanization of power hammers for copper tended to become more extensive throughout Europe only at the end of the period. The introduction of this form of energy production led to the relocation of copper hammering, refining, and even, to the manufacturing of finished products or semi-products to valleys far from the cities. Finally, on the mining side, mechanization extended to mineralogical operations with the ore being crushed by the bocard or stamping mill, a machine that improved significantly in the second half of the 15th century and during the 16th century. Another innovation was the Saigerprozess for the treatment of silvered copper by liquation and drying, which was developed and perfected in Germany in the mid 15th century. The process provided a more efficient method of extracting silver from copper deposits previously judged to be unprofitable, but it required successive metallurgical operations and a significant investment of funds. The process is largely documented in book XI of De re metallica (1556) by Georgius Agricola where a real factory is described with specific furnaces, very specialized machines, and distinct knowledge. The quantities treated are considerable and had no equivalent in the previous centuries. The process undoubtedly contributed to the colossal fortune of the Augsburg banker and businessman Jacob Fugger. At the end of this short introduction to the proceedings of this conference, a vast subject emerges, albeit chronologically limited to a few centuries. It was not the objective of the Études et Documents Archéologie 39 21 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS metallica (1556) de Georgius Agricola. C'est une véritable usine qui est décrite, avec des fours spécifiques, des machines très spécialisées et des savoir-faire particuliers. Les quantités traitées deviennent considérables et n'ont pas d'équivalent durant les siècles antérieurs. Le procédé contribua sans nul doute à la fortune, colossale pour l'époque, du banquier et homme d'affaires Jacob Fugger d'Augsbourg. Au terme de cette courte introduction aux actes de ce colloque, émerge un sujet très vaste, même limité chronologiquement à quelques siècles. L'objectif de ces journées n'était d'ailleurs pas d'épuiser la question, tant les angles d'approche sont à la fois variés et nombreux. Aux sources écrites abondantes, comme les comptes, les inventaires, les testaments ou encore les traités techniques, s'ajoutent les données fournies par différentes disciplines, en particulier par l'archéologie préventive et par l'archéométrie. Les données et les travaux se sont multipliés partout en Europe, il semblait donc utile de réunir les chercheurs et spécialistes de cette métallurgie du cuivre afin de dresser un bilan, même partiel de ces recherches. Dans la vallée de la Meuse, Dinant et sa sœur Bouvignes sont des centres de production d'objets en cuivre, en bronze et en laiton, qui inondent de chaudrons, bassins et chandeliers, une bonne partie de l'Europe durant tout le Bas Moyen Âge, et même au-delà. À partir de 1466 et de la destruction de Dinant par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, de nombreux fondeurs et batteurs se réfugient et s'installent alors à Namur. Entre les 16e et 18e siècles, de cette dernière ville mosane, ce sont des milliers de chaudrons qui partent vers le Nouveau Monde comme objets de traite, via les ports d'Anvers puis de La Rochelle. Les villes de Dinant et de Namur étaient donc tout à fait appropriées pour accueillir un tel rassemblement autour des productions en cuivre au Moyen Âge. 22 symposium to exhaust the question, as the approaches to the subject are both varied and numerous. To the abundant written sources, such as accounts, inventories, wills, and technical treaties, are added the data provided by different disciplines, in particular preventive archaeology and archaeometry. As data and investigations have accumulated throughout Europe, it seemed useful to bring together specialists in copper metallurgy to draw up an assessment, even if only partial, of the current state of research. Throughout the late Middle Ages and even beyond, Dinant and its sister city Bouvignes, both in the valley of the Meuse, were centres of production of objects in copper, bronze and brass which flooded the markets of a good part of Europe with cauldrons, basins and candlesticks. With the destruction of Dinant in 1466 by Charles the Bold, Duke of Burgundy, many founders and coppersmiths took refuge and then settled in Namur. Between the 16th and 18th centuries, thousands of cauldrons left this Mosan city via Antwerp's harbour and then La Rochelle to end up in the New World as objects of trade. The cities of Dinant and Namur were therefore highly appropriate to host this symposium around copper productions in the Middle Ages. 3 TROISIÈME PARTIE / PART THREE TECHNIQUES / TECHNIQUES ARCHÉOLOGIE ET ARCHÉOMÉTRIE DU BASSINIA, LA FONTAINE MÉDIÉVALE DE HUY (BELGIQUE, PROVINCE DE LIÈGE) / ARCHAEOLOGY AND ARCHAEOMETRY OF THE BASSINIA, THE MEDIEVAL FOUNTAIN OF HUY (BELGIUM, PROVINCE OF LIEGE) nicolas Thomas1, caTherine PéTers2, Françoise urBan3 & DaviD BourGariT4 RÉSUMÉ Li Bassinia, fontaine médiévale de Huy datée par une inscription de 1406 sur un de ses éléments, est une des rares fontaines en alliage à base de cuivre subsistant pour cette période en Europe. Elle est composée d'une large cuve, au centre de laquelle une vasque sur pied porte des décors symboliques pour la ville : quatre tours crénelées et cinq personnages en lien étroit avec son histoire. Diverses études ont été menées pour mieux comprendre l'œuvre et les différents dégâts constatés en vue d'une restauration. Des examens macroscopiques, des radiographies X et un relevé 3D montrent les difficultés survenues lors de la coulée de la grande cuve. Les analyses de composition élémentaire contribuent à questionner l'histoire de la fontaine. La diversité des alliages rencontrés pour les différentes parties est étonnante. Les réparations et les modifications relatées dans quelques sources écrites ne peuvent pas toutes les expliquer. Les différences entre les quatre statuettes de la vasque, mais surtout entre la grande cuve et le reste de l'œuvre permettent d'imaginer que l'aspect actuel de la fontaine est le résultat d'une histoire bien plus complexe que ce que l'inscription sur la vasque et les quelques documents conservés pouvaient laisser croire. Mots-clés : statuaire, fonderie, monumental, alliages, fontaine, composition ABSTRACT The medieval fountain of Huy, Li Bassinia, is dated to 1406 by an inscription on one of his parts, and is one of the rare copper alloy fountains that remain from this period in Europe. It is composed of a small basin supported by a chalice-shaped stem in the centre of a larger basin. Decorating the smaller basin are five figures and four towers that are closely allied to the town's history. Macroscopic examinations, X-rays, and 3D reconstructions were made to better understand the fountain and the different factors concerning its restoration, particularly the difficulties experienced during the casting of the large basin. Compositional analyses raised questions about the history of the fountain since the diversity of the alloys used for the different parts of the work is surprising. Some repairs and modifications are reported in the archives but do not explain the variety. These differences allow us to hypothesize that the history of the fountain is much more complex than the inscription on the small basin and the limited documentation would lead us to believe. 1 Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LAMOP UMR 8589), Paris, France. 2 SPW-AWaP, Direction opérationnelle Zone Est, Liège, Belgique. 3 Restauratrice métal, Bruxelles, Belgique. 4 Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), Préhistoire et Technologies – UMR7055, Paris, France. Études et Documents Archéologie 39 249 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Keywords: statuary, casting, monumental, copper alloys, fountain, composition 1. INTRODUCTION Li Bassinia de Huy est une des rares fontaines en alliage à base de cuivre conservée pour la période médiévale en Europe (fig. 1). Ce monument classé depuis 1933 est considéré comme une des quatre merveilles de la ville. Ce joyau trônant sur la place du marché était une des expressions de l'autonomie et de la puissance de la cité mosane au Bas Moyen Âge (Deligne, 2008). Manifestation identitaire, représentant les figures protectrices et les éléments fortifiés de la ville, le Bassinia a survécu aux pillages et échappé à la refonte. L'ensemble est constitué d'une grande cuve et d'un groupe sculpté central installé sur une petite vasque datée de 1406 par une inscription à son revers. Les comptes de la ville ont en outre conservé la trace d'un acte de 1407 octroyant à la ville le droit de capter l'eau d'une source en terrain privé pour son alimentation (Fréson, 1881). 2. DESCRIPTION DE LA FONTAINE ET INVESTIGATIONS ARCHÉOLOGIQUES La partie en alliage à base de cuivre comprend une vasque sur pied annelé, avec au centre un donjon crénelé surmonté d'une statue et entouré de tours et de statues, le tout émergeant au milieu d'un grand bassin. Quatre tours crénelées, chacune avec une porte et dotée d'une gargouille en forme de serpent, ou trogne, alternent avec quatre personnages emblématiques : Mengold et Domitien, les saints patrons de Huy, sainte Catherine, probable référence à la paroisse d'où sourd l'eau qui alimente la fontaine (Péters, 2013), et un comte de Huy dont l'identification est plus incertaine, l'historiographie attribuant le plus souvent cette image à Ansfrid, dernier comte de Huy de la fin du 10e siècle (Lemeunier, 2004). La petite vasque mesure 70 cm de diamètre. Les gargouilles des portes crachent l'eau dans la grande cuve de bronze de 226 cm de diamètre et 45 cm de profondeur. L'eau s'écoule ensuite de la gueule de quatre lions Fig. 1 La fontaine sur la place en 2009 avant démontage. Photo : C. Péters © SPW/AWaP. 5 250 Depuis plusieurs années, les bacs en pierre autour de la fontaine s'écartaient sensiblement et mettaient le monument en péril. En 2009, le Bassinia a donc été complètement démonté afin d'évaluer l'origine de ces désordres et d'y remédier par une restauration. Le travail a commencé par une étude archéologique globale et, dans la perspective d'une restauration des éléments métalliques, une première expertise5. Afin de mieux comprendre cette œuvre complexe tout en précisant les techniques et les matériaux utilisés, d'autres études ont été menées comme l'examen macroscopique, l'exploitation et l'analyse de relevés 3D, la radiographie X et la caractérisation de la composition élémentaire des diverses parties. Le démontage et les premières observations ont été réalisés par l'Institut royal du Patrimoine artistique en 2009. ARCHÉOLOGIE ET ARCHÉOMÉTRIE DU BASSINIA, LA FONTAINE MÉDIÉVALE DE HUY (BELGIQUE, PROVINCE DE LIÈGE) Fig. 2 niveau actuel de la place niveau supposé au 15e siècle 0 Dessin : C. Péters & F. Taildeman © SPW/AWaP. 1m de bronze dans de grands bacs de pierre disposés autour de la cuve, puis vers des avaloirs installés dans le sol. Une petite statue, le Cwèrneû, sonneur de trompe, guetteur du beffroi de la ville, a été placée au sommet de la fontaine sur le donjon central, en 1597 d'après les sources écrites. Le démontage des parties métalliques et des bacs de pierre, remplacés en 1881, a révélé la présence du probable support primitif du grand bassin de 1406 (Péters, 2011). La maçonnerie de plan circulaire évoque un puits avec trois assises de blocs de calcaire taillés, posés sans liant apparent et solidarisés par des agrafes de fer. Le sommet de ce socle a le même diamètre que le grand bassin métallique. La fouille archéologique montre que l'ensemble repose sur un large radier de fondation de 8 m de diamètre. Le peu de mobilier recueilli dans un sondage réalisé à l'extérieur des fondations indique un terminus post quem de l'extrême fin du 14e siècle - début du 15e siècle. Cette étude conduit à proposer une restitution hypothétique de la fontaine en 1406 (fig. 2). Restitution hypothétique de la fontaine sur son socle au début du 15e s. 3. RELEVÉ 3D ET RADIOGRAPHIE X : LES DÉFAUTS DE FONDERIE DE LA GRANDE CUVE Après démontage et dans la perspective d'une restauration, les parties en métal ont fait l'objet d'un relevé 3D afin, entre autres, de compléter les premiers examens visuels et de déterminer les éventuelles anomalies dans la géométrie, notamment pour la grande cuve. En effet, celle-ci présente macroscopiquement de nombreux défauts, dont celui de n'être pas étanche. Certaines non-venues lors de la coulée ont été comblées avec du bronze, du plomb, puis à des périodes plus récentes avec différentes résines. Les relevés 3D montrent de grandes irrégularités dans les surfaces, en particulier au niveau du fond, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la cuve (fig. 3). Côté intérieur, la partie centrale est plus haute que les parties périphériques, de quelques millimètres jusqu'à 30 mm progressivement. Sur la surface interne, la cuve est divisée en quatre quarts à peu près égaux, séparés par des sillons aboutissant à une partie carrée (fig. 4). La surface externe est plus mouvementée. La peau du métal présente les caractéristiques d'une fonte à découvert avec des retassures superficielles donnant un aspect en peau d'orange sur quasiment toute la surface (fig. 5). Études et Documents Archéologie 39 251 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS La partie centrale est plus basse que les parties externes, avec une franche asymétrie. Les épaisseurs de la cuve sont de fait très variables, de 10 mm à 60 mm (fig. 3). La radiographie X vient compléter ces observations, malgré de grandes difficultés de mise en œuvre du fait des épaisseurs importantes. Elle montre, notamment pour le bandeau, Fig. 3 Cartographie des surfaces et des épaisseurs de la grande cuve. Relevés 3D : Art Graphique et Patrimoine / Traitement : N. Thomas © Inrap / SPW/AWaP. Fig. 4 Reconstruction numérique de la surface interne du fond de la grande cuve (les microreliefs circulaires sont des artefacts de mesure. Relevés 3D : Art Graphique et Patrimoine / Traitement et dessin : N. Thomas & J.-N. Anslijn © Inrap / SPW/AWaP. 252 deux fronts de solidification traçant au moins trois couches subhorizontales (fig. 6). Ce phénomène peut être dû soit à une mauvaise gestion des alimentations soit à des alimentations en métal provenant de plusieurs bains. Le fait d'une part que les fronts de solidification soient relativement réguliers, et d'autre part que les volumes des deux couches supérieures soient très similaires, environ 25 litres de métal pour chaque couche, conforte la deuxième hypothèse. Il est très probable que la cuve a été fabriquée comme une cloche, à l'envers, certainement comme les fonts de Saint-Barthélemy de Liège plusieurs siècles auparavant (Tomsin, 2006). Du fait de la quantité de métal nécessaire, que l'on peut estimer à un peu plus de 150 litres au total, on peut supposer que le moule a été alimenté en métal au moyen d'au moins sept fours. ARCHÉOLOGIE ET ARCHÉOMÉTRIE DU BASSINIA, LA FONTAINE MÉDIÉVALE DE HUY (BELGIQUE, PROVINCE DE LIÈGE) Fig. 6 Radiographie X d’une partie du bandeau de la grande cuve (épaisseur autour de 20 mm, énergies entre 100 et 300 kv et 6 mA, temps d’exposition entre 200 ms et 2 s. RX : Balteau NDT / Traitement : L. Bruzzese & N. Thomas © SPW/ AWaP / Inrap. Les défauts de surface et la grande variabilité d'épaisseur du fond montrent que la coulée ne s'est pas déroulée à la perfection : le noyau s'est légèrement affaissé vers l'intérieur, sans doute sous le poids du métal liquide. De plus, la chape au-dessus s'est soulevée donnant cet aspect caractéristique d'une fonte à découvert sur la surface externe du fond. L'asymétrie dans les épaisseurs prouve par ailleurs que le noyau s'est tassé plus d'un côté que de l'autre. Ceci étant, les défauts générés dans la cuve n'ont pas été catastrophiques, les quelques manques ont pu être comblés par des surcoulées et les épaisseurs les plus fines ont bien résisté à l'épreuve du temps. 4. LA COMPOSITION ÉLÉMENTAIRE DES DIFFÉRENTES PARTIES Cent-quarante analyses par p-XRF réalisées en surface, après un léger dégagement des couches surfaciques d'altération ont permis une première approche semi-quantitative des compositions élémentaires des différentes parties en métal (appareil Niton GOLDD). Des analyses par ICPAES faites à partir de prélèvements de copeaux ont conduit à la détermination quantitative de la composition du métal à cœur en 25 endroits. Plusieurs groupes et sous-groupes de composition peuvent être individualisés (fig. 7-8). La cuve présente une composition clairement à part, avec un bronze riche en étain, autour de 10 % en masse pour la plupart des prélèvements analysés. Du point de vue des impuretés, le métal est très différent de tous les autres avec surtout de fortes teneurs en cobalt, entre 100 et 200 ppm (fig. 9). Un alliage très différent, le laiton, est utilisé pour un des quatre tuyaux, probablement assez récent. On trouve un ensemble de laitons au plomb pour le Cwèrneû, les trognes sur les tourelles et pour plusieurs réparations de deux tourelles. Toutes ces parties pourraient être contemporaines et correspondre à une source écrite rapportant l'achat du sonneur de trompe en 1597. Études et Documents Archéologie 39 Fig. 5 Détail de la surface externe du fond de la grande cuve. Photo : N. Thomas © Inrap / SPW/AWaP. 253 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS 20 Cwerneu 18 (avec 14 % de zinc) 16 petite vasque 14 tour Pb 12 Saint Domitien 10 tour centrale 8 Ansfrid Mengold 6 Fig. 7 4 Grande cuve Teneurs en étain (Sn) et en plomb (Pb) des différents éléments du Bassinia (résultats en % massique, analyses par ICP-AES). 2 Sainte Catherine 0 2 0 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Domitien Fig. 8 Relevés 3D : Art Graphique et Patrimoine / Dessin : N. Thomas © Inrap / SPW/AWaP. 254 24 Sn 0 Synthèse des compositions des métaux caractérisées par p-XRF et ICP-AES. 22 Sainte Catherine Ansfrid Mengold Bronze ≈ 11 % Sn (fort Co) Grande cuve ICP-AES Bronze au plomb ≈ 3 % Sn / 8 à 12 % Pb Petite vasque ICP-AES Bronze au plomb 5 à 6 % Sn / 9 à 14 % Pb 4 Tours + tour centrale Domitien ICP-AES + p-XRF Cuivre peu allié Zn et Sn < 1 % / Pb ≈ 2 % Sainte Catherine ICP-AES Cuivre au plomb 5 à 7 % Pb Ansfrid Mengold ICP-AES Laiton au plomb 17 % Zn / 14 % Pb Cwerneu ICP-AES Laiton au plomb 11 à 17 % Zn / 2 à 9 % Pb Trognes p-XRF Laiton au plomb 2 à 6 % Zn / 9 à 19 % Pb Réparations tours p-XRF Quaternaire Cu Zn Sn Pb 4 lions sur la grande cuve p-XRF Cuivre peu allié Zn et Sn < 1 % / 1 à 2 % Pb 3 tuyaux p-XRF Laiton 13 % Zn / 3 % Sn et 3 % Pb + diverses réparations et soudures Pb/Sn et Pb 1 tuyau (entre Catherine et Ansfrid) p-XRF Groupe central et grande cuve p-XRF 50cm Cwerneu (sonneur de trompe) ARCHÉOLOGIE ET ARCHÉOMÉTRIE DU BASSINIA, LA FONTAINE MÉDIÉVALE DE HUY (BELGIQUE, PROVINCE DE LIÈGE) Sb S Fe As Ag 2 Zn Ni In Co Bi 0,25 1,5 0,2 0,15 1 0,1 0,5 0,05 0 0 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Grande cuve Vasque Les lions sur la cuve, éléments sans doute ajoutés encore plus récemment, sont des alliages quaternaires, avec du cuivre allié à de l'étain, du zinc et du plomb. Pour les autres éléments constituant le groupe sculpté central, on observe essentiellement des bronzes au plomb et des cuivres au plomb. Sainte Catherine est même en cuivre peu allié avec seulement 2,3 % de plomb pour 0,9 % d'étain. La vasque sur pied, coulée d'un seul jet, est un bronze au plomb, ainsi que la tour centrale, les tours périphériques et le Domitien bien que ces derniers soient plus riches en étain. Toutefois, la tour centrale se singularise par des teneurs en impuretés nettement plus élevées, notamment en antimoine et en zinc (fig. 9). Enfin, Ansfrid et Mengold, composés d'un cuivre avec 6 % de plomb, peuvent être considérés comme des jumeaux de fonderie, issus du même bain. Le métal se particularise de tous les autres du fait de son cortège d'impuretés, notamment de sainte Catherine, avec des teneurs en antimoine, en manganèse et en fer nettement plus faibles pour des teneurs en soufre, en argent et en sélénium plus importantes (fig. 9). 5. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Grande cuve Vasque UNE ŒUVRE COMPOSITE S'il est difficile de conclure définitivement à des productions d'ateliers différents et à des dates de réalisation distinctes, les analyses de composition élémentaire rendent tout de même cette hypothèse très probable. On sait que la petite vasque sur pied aurait été coulée en 1406 et que le Cwèrneû date de la fin du 16e siècle. S'il n'est pas impossible que les tours soient issues du même atelier, rien ne permet de l'affirmer, d'autant que les métaux présentent des différences de composition sensibles, en particulier pour la tour centrale riche en antimoine. L'hypothèse la plus probable serait, du seul point de vue de la nature du métal, que Domitien soit contemporain de la petite vasque. Il faut toutefois noter que d'après le style, Domitien apparaîtrait le plus archaïque et pourrait être antérieur à sainte Catherine et surtout à Mengold et Ansfrid dont les vêtements seraient par ailleurs conformes au millésime de la petite vasque (Lemeunier, 2004). Ces remarques, on l'a vu, ne s'accordent pas avec les conclusions que l'on pourrait tirer des seules compositions, que ce soit pour les alliages, vraiment différents ou de l'origine des métaux. Si les analyses ne remettent pas en cause une datation du début du 15e siècle, elles soulignent toutefois la possibilité de réalisations qui ne seraient pas Études et Documents Archéologie 39 u ne er n Cw itie m e Do erin th d Ca gol en M frid s e An rell trale u n To r ce u To 4 5 u ne er n Cw itie m e Do erin th d Ca gol en M frid s e An rell trale u n To r ce u To 1 2 3 Fig. 9 Principales impuretés rencontrées. Le zinc n’est pas reporté pour le Cwerneu (résultats en % massique, analyses par ICP-AES). 255 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS strictement contemporaines, ce qui finalement cadrerait assez bien avec l'hétérogénéité de l'ensemble, même stylistique. La grande cuve ne cesse d'interroger. Rien ne permet de conforter la thèse avancée d'une production issue de la refonte d'une cloche au début du 15e siècle. Si la technique utilisée est sans aucun doute celle des fondeurs de cloche, le métal, deux fois moins chargé en étain que le traditionnel bronze à cloches, ne provient pas, sauf dilution au demeurant possible, de la réforme de Marie Hideuse, une cloche provenant du beffroi de la ville pesant 11 000 livres tout de même, soit quatre fois plus que la cuve (Dubois, 1910). D'autre part, les teneurs en impuretés et, partant, l'origine du métal sont vraiment très singulières par rapport aux métaux utilisés pour tous les éléments du groupe sculpté central. Si la cuve avait été fondue en 1406, en même temps que la vasque, pourquoi le fondeur aurait-il utilisé des alliages aussi différents et des métaux de diverses origines ? Par ailleurs, s'il ne faut pas interpréter outre mesure les problèmes posés par la grande cuve au fondeur, on ne peut que s'étonner du nombre de fours nécessaires. En effet, la géométrie de la cuve est bien différente de celle d'une cloche, ce qui peut largement expliquer les déboires lors de la fonderie. En revanche, les capacités des fours, apparemment de seulement 200 kg, d'après nos calculs, semblent faibles, et les températures de coulée peut-être mal maîtrisées. La cuve au total représente 1 300 kg, ce qui est certes considérable, tout en étant assez banal pour le début du 15e siècle où le savoir-faire ne manquait certainement pas, surtout dans la vallée de la Meuse. On peut donc se demander si ce grand bassin de bronze ne serait pas antérieur à la petite vasque centrale. Rappelons que Jean d'Outremeuse (1338-1400) évoque la présence d'une fontaine dès le début du 12e siècle et aussi au début du 13e siècle (Discry, 1951). Si ces mentions sont à prendre avec beaucoup de prudence, il est en revanche probable qu'une fontaine de bronze existait à Huy vers 1350, en tous les cas avant 1406 et l'acte passé avec la ville concernant la source. Dans cette hypothèse, encore à discuter, la grande cuve pourrait être l'un des rares éléments subsistants de cet édifice bien que la preuve définitive manque encore à ce jour. Les premiers résultats exposés ici demandent encore à être discutés et confrontés avec les sources écrites et sans doute par un nouveau regard sur les caractéristiques stylistiques, notamment de la statuaire. BIBLIOGRAPHIE Deligne C., 2008. Édilité et politique. Les fontaines urbaines dans les Pays-Bas méridionaux au Moyen Âge, Histoire urbaine, 2, 22, p. 77-96. Discry F., 1951. Le bassinia de Huy et son Cwèrneû, La Vie Wallonne, 25, p. 206-220. Dubois R., 1910. Les rues de Huy. Contribution à leur histoire, Annales du Cercle hutois des Sciences et BeauxArts, 17, p. 279-285. Fréson J., 1881. La fontaine de la Grande Place à Huy, Annales du Cercle hutois des Sciences et Beaux-Arts, 4, p. 183-186. Lemeunier A., 2004. Huy. Le Bassinia. In : Deveseleer J. (coord.), Le Patrimoine exceptionnel de Wallonie, Namur, p. 298-301. Péters C., 2011. Huy/Huy : étude archéologique préalable à la restauration de la fontaine du marché dite li bassinia, Chronique de l'Archéologie wallonne, 18, p. 156-159. Péters C., 2013. Huy/Huy : premier relevé à la source du bassinia, fontaine médiévale, et petit coup d'œil sur son chenal d'adduction, Chronique de l'Archéologie wallonne, 20, p. 164-167. Tomsin P., 2006. Réflexions à propos des fonts baptismaux de l'église Saint-Barthélemy. Procédés de fonderie et métrologie. In : Xhayet G. & Halleux R., Études sur les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy à Liège, Liège, p. 239-265. 256 ADRESSES DE CONTACT DES AUTEURS / CONTACT ADRESSES OF THE AUTHORS Lluïsa Amenós Cultural heritage Barcelona Cathedral C/ Sant Sever, 9 08002 · Barcelona Spain inventari@catedralbcn.org Bastian Asmus Labor für Archäometallurgie Beroldingerweg 1 D-79194 Gundelfingen Germany b.asmus@archaeometallurgie.de Sally Badham Dawn Cottage Purrants Lane Leafield Oxfordshire OX29 9PN United Kingdom sallybadham@uwclub.net Károly Belényesy HistoriArch Archeological Consulting Ltd, Német utca, 10 1084 Budapest Hungary historiarch@gmail.com Francesca Bewer Harvard Art Museums 32 Quincy Street Cambridge MA 02138 United States of America francesca_bewer@harvard.edu Marc Bouiron Institut National de Recherches Archéologiques Préventives 121 rue d'Alésia F-75014 Paris France marc.bouiron@inrap.fr David Bourgarit Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France Palais du Louvre 14 quai François Mitterrand F-75001 Paris France david.bourgarit@culture.gouv.fr Caroline Bourlet CNRS - Institut de recherche et d'histoire des textes 40 avenue d'Iéna F-75116 Paris France caroline.bourlet@irht.cnrs.fr Roderick Butler Marwood House Honiton Devon EX14 1PY United Kingdom v.butler9@btinternet.com Francesco M. P. Carrera Ministero dei beni e delle attività culturali e del turismo Soprintendenza Archeologia, belle arti e paesaggio per le province di Sassari e Nuoro piazza Sant'Agostino, 2 07100 – Sassari (SS) Italia francesco.carrera@beniculturali.it Manon Castelle Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France Palais du Louvre 14 quai François Mitterrand F-75001 Paris France manon.s.castelle@gmail.com Études et Documents Archéologie 39 411 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Sophie Challe Service public de Wallonie–DGO4 AWaP–Direction d'appui scientifique et technique Rue des Brigades d'Irlande, 1 B-5100 Jambes Belgique sophie.challe@awap.be Yann Codou Université Côte d'Azur CNRS UMR 7264 CEPAM Pôle universitaire Saint-Jean-d'Angély Avenue des Diables-bleus, 24 F-06357 Nice Cedex 4 France yann.codou@unice.fr Lise Damotte Service d'Archéologie de Nice Côte d'Azur – SANCA Route de Canta Galet, 107 F-06364 Nice France lise.damotte@nicecotedazur.org Pete Dandridge Objects Conservation The Metropolitan Museum of Art 10000 5th Ave, New York, NY 10025 United States of America pete.dandridge@metmuseum.org Claire Delhon Université Côte d'Azur CNRS UMR 7264, CEPAM Pôle universitaire Saint-Jean-d'Angély Avenue des Diables-bleus, 24 F-06357 Nice Cedex 4 France claire.delhon@cepam.cnrs.fr Michael Depreter Harris Manchester College (University of Oxford) Mansfield Road OX1 3TD Oxford United Kingdom michael.depreter@history.ox.ac.uk 412 Paul Dooley Irish World Academy of Music and Dance, University of Limerick, Castletroy, V94 DK18 Limerick Ireland paul.dooley@ul.ie Arne Espelund Valøyvegen 10 7031 Trondheim Norway arne.espelund@outlook.com Florence Fabijanec Zavod za povijesne znanosti HAZU Strossmayerov trg 2 10 000 Zagreb Croatie flofaber@hazu.hr Daniel Fellenger Auf der Horst 117 D-30823 Garbsen Germany fellenger@hotmail.de Silvia Faccin Fondazione Museo del Tesoro del Duomo e Archivio Capitolare Piazza Alessandro D'Angennes, 5 13100 Vercelli Italy silvia.faccin@tesorodelduomovc.it Carlotta Gardner The Fitch Laboratory British School at Athens Souedias 52 GR10676 Athens Greece Carlotta.gardner.11@ucl.ac.uk Mainardo Gaudenzi Asinelli Research Group in Mechatronics and Modelling Applied on Technology of Materials (UVic-UCC) Carrer de la Laura, 13 08500 Vic Spain mainardo.gaudenzi@uvic.cat ADRESSES DE CONTACT DES AUTEURS / CONTACT ADRESSES OF THE AUTHORS Enrico Giannichedda ISCUM-Instituto della Cultura Materiale Piazza Sarzano 35 16128 Genova Italy e.giannichedda@libero.it Isabelle Gillot Université Côte d'Azur CNRS UMR 7264 CEPAM Pôle universitaire Saint-Jean-d'Angély Avenue des Diables-bleus, 24 F-06357 Nice Cedex 4 France gillot@unice.fr Christopher Green School of Archaeology, Geography and Environmental Science University of Reading Wager Building Whiteknights PO Box 227 Reading RG6 6AB United Kingdom greenc@waitrose.com Bernard Léchelon 27, avenue de Tourville F-75007 Paris France bernardlechelon@wanadoo.fr Robert Lehmann Wülferoder Str. 34 D-30880 Laatzen Germany dr.robertlehmann@web.de Mathieu Linlaud Université Paris Nanterre Département d'Histoire de l'art et Archéologie 200 avenue de la République F-92001 Nanterre Cedex France mlinlaud@parisnanterre.fr Étienne Louis Arkéos – Musée – Parc archéologique 4401, route de Tournai F-59500 Douai France elouis@douaisis-agglo.com Dorothee Kemper Deutscher Verein für Kunstwissenschaft e.V. Jebensstr. 2 D-10623 Berlin Germany dvfk@alice.de Marcos Martinón-Torres McDonald Institute for Archaeological Research Downing Street Cambridge CB2 3ER United Kingdom m.martinon-torres@cam.ac.uk Emmanuel Lamouche Université de Nantes - UFR d'Histoire, Histoire de l'art et Archéologie Département d'Histoire de l'art et Archéologie Chemin de la Censive du Tertre - BP 81227 F-44312 Nantes Cedex 3 France emmanuel.lamouche@hotmail.fr Elisabetta Neri CNRS-UMR 8167 Orient & Méditerranée INHA, Institut national d'histoire de l'art 2, rue Vivienne, salle 241 F-75002 Paris France elisabetta.neri.fr@gmail.com Susan La Niece Department of Scientific Research The British Museum London WC1B 3DG United Kingdom slaniece@britishmuseum.org Sophie Oosterwijk School of Art History University of St Andrews 79 North Street St Andrews Fife KY16 9AL United Kingdom so4oosterwijk@gmail.com Études et Documents Archéologie 39 413 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Željko Peković Department of Art History Faculty of Philosophy Universtiy of Split Sinjska 2 21000 Split Croatia zeljko.pekovic@gmail.com Lise Saussus Centre de recherches d'archéologie nationale Université catholique de Louvain Collège Érasme - L3.03.01 Place Blaise Pascal, 1 B-1348 Louvain-la-Neuve Belgique lisesaussus@gmail.com Catherine Péters Service public de Wallonie–DGO4 AWaP–Direction opérationnelle de la Zone Est Avenue des Tilleuls, 62 B-4000 Liège Belgique catherine.peters@awap.be Dylan Smith Department of Objects Conservation National Gallery of Art 2000B South Club Drive Landover MD 20785 United States of America dt-smith@nga.gov Fabienne Ravoire Institut National de Recherches Archéologiques Préventives Zac des Jalassières F-13510 Éguilles France fabienne.ravoire@inrap.fr Irfan Teskeredžić Stanak – the Society for the Study of Medieval Bosnian History Franje Račkog, 1 BIH-71000 Sarajevo Bosnia and Herzegovina narfi_sa@yahoo.de Catherine Richarté-Manfredi Institut National de Recherches Archéologiques Préventives Zac des Jalassières F-13510 Éguilles France catherine.richarte@inrap.fr Peter Tiernan Bernal Institute, School of Engineering Faculty of Science and Engineering University of Limerick Castletroy Limerick V94 T9PX Ireland peter.tiernan@ul.ie Monique de Ruette Musées royaux d'Art et d'Histoire Parc du Cinquantenaire, 10 B-1000 Bruxelles Belgique m.deruette@mrah.be Pascal Saint-Amand Maison du patrimoine médiéval mosan (MPMM) Place du Bailliage, 16 B-5500 Dinant Belgique bouvignes@hotmail.com 414 Nicolas Thomas Institut National de Recherches Archéologiques Préventives 34-36 avenue Paul-Vaillant-Couturier F-93120 La Courneuve France nicolas.thomas@inrap.fr Nikolina Topić Taborska 31 10000 Zagreb Croatia nikolinatopic@gmail.com ADRESSES DE CONTACT DES AUTEURS / CONTACT ADRESSES OF THE AUTHORS Françoise Urban Restauratrice d'œuvres en métal Rue Marie-Thérèse, 89 B-1210 Bruxelles Belgique michiels.urban@gmail.com Laurent Vermard Institut National de Recherches Archéologiques Préventives 12 rue de Méric CS 80005 F-57063 Metz Cedex 2 France laurent.vermard@inrap.fr Jean-Marie Welter 7, rue de l'Ordre de la Couronne de Chêne L-1361 Luxembourg Grand-Duché de Luxembourg jean-marie.welter@pt.lu Lisa Wiersma Universiteit Utrecht Departement Geschiedenis en Kunstgeschiedenis Drift 6 3512 BS Utrecht Netherlands A.L.Wiersma@uu.nl Carla Vogt Technische Universität Bergakademie Freiberg Fakultät für Chemie und Physik Institut für Analytische Chemie Leipziger Straße 29 D-09599 Freiberg Germany Carla.Vogt@chemie.tu-freiberg.de Études et Documents Archéologie 39 415 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS COMITÉ SCIENTIFIQUE DU COLLOQUE ET ÉVALUATEURS DES ARTICLES / SCIENTIFIC COMMITTEE OF THE SYMPOSIUM AND REVIEWERS OF THE ARTICLES Danielle Arribet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France), Bastian Asmus (Labor für Archäometallurgie, Gundelfingen, Germany), Justine Bayley (University College London, London, United Kingdom), Paul Benoît (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France), Emmanuel Bodart (Archives de l'État, Namur, Belgique), Linda Borsch (Metropolitan Museum of Art, New-York, USA), David Bourgarit (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, Paris, France), Emmanuel de Crouy-Chanel (Université de Picardie-Jules Verne, Amiens, France), Pete Dandridge (Metropolitan Museum of Art, New-York, USA), Florence Fabijanec (Croatian Academy of Sciences and Arts, Zagreb, Croatia), Manu Frederickx (Metropolitan Museum of Art, New-York, USA), Philippe George (Université de Liège, Liège, Belgique), Éric Goemaere (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, Bruxelles, Belgique), Hervé Gouriou (Société française de campanologie, La Garenne-Colombes, France), Yves Henigfeld (Université de Nantes, Nantes, France), Susan La Niece (The British Museum, London, United Kingdom), Jean-François de Lapérouse (Metropolitan Museum of Art, New-York, USA), Marcos Martinón-Torres (University of Cambridge, Cambridge, United Kingdom), Peta Motture (Victoria and Albert Museum, London, United Kingdom), Elisabetta Neri (INHA, Institut national d'histoire de l'art, Paris, France), Sophie Oosterwijk (University of St Andrews, St Andrews, United Kingdom), Michel Pernot (Université Bordeaux 3, Bordeaux, France), Jean Plumier (Agence wallonne du Patrimoine, Namur, Belgique), Thilo Rehren (University College London, London, United Kingdom), Frits Scholten (University of Amsterdam, Amsterdam, Netherlands), Dylan Smith (National Gallery of Art, Washington DC, USA), Nicolas Thomas (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, Paris, France), Marie Verbeek (Agence wallonne du Patrimoine, Namur, Belgique), Catherine Verna (Université Paris 8, Saint-Denis, France), Jean-Marie Welter (Luxembourg, Grand Duchy of Luxembourg). 416 CUIVRES, BRONZES ET LAITONS MÉDIÉVAUX / MEDIEVAL COPPER, BRONZE AND BRASS Histoire, archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles) History, archaeology and archaeometry of the production of brass, bronze and other copper alloy objects in medieval Europe (12th-16th centuries) Cet ouvrage contient les actes d'un colloque international consacré aux productions médiévales en alliage à base de cuivre qui s'est tenu à Dinant et à Namur les 15, 16 et 17 mai 2014. Ces journées ont été organisées par le Service public de Wallonie (Belgique) et l'Institut national de recherches archéologiques préventives (France). Les actes rassemblent 34 contributions originales livrées par des spécialistes, archéologues, historiens, historiens de l'art ou encore métallurgistes et chimistes. Ils montrent la grande diversité des approches et des thèmes abordés au moyen de ce matériau très présent dans la culture matérielle. Au Bas Moyen Âge, le cuivre entre progressivement dans la fabrication de nombreux objets du quotidien, que ce soit pour la parure, sous forme de boucles de ceintures ou de petits éléments décoratifs du costume, ou encore dans la cuisine et les maisons quand il devient chaudron, aiguière, bassin ou puisette. À ces productions en série, souvent de masse, s'opposent des travaux réalisés sur commande pour l'aristocratie ou à des fins liturgiques. Le métal se décline alors sous l'aspect d'aquamaniles, de chandeliers d'autel, de lutrins… Le matériau est utilisé pour des œuvres monumentales comme des colonnes, des portes, des fonts baptismaux, des fontaines, des monuments funéraires ou encore des cloches. On trouve aussi le cuivre dans des contextes artisanaux, dans l'artillerie, les instruments de musique ou encore la monnaie. En explorant un vaste sujet par des angles variés, ce livre intéresse l'archéologie bien sûr, mais aussi l'histoire des techniques, l'histoire de l'art, l'histoire économique ou encore l'histoire sociale. Il s'adresse à un public averti, ou plus simplement curieux de l'histoire du Moyen Âge en Europe. Prix de vente : 40 € This volume contains the proceedings of the International Conference on Medieval Copper Alloys Production, held at Dinant and Namur on 15, 16 and 17 May 2014. The conference was organised by the Service public de Wallonie (Belgium) and the Institut national de recherches archéologiques préventives (France). The proceedings include 34 original contributions presented by archaeologists, historians, conservators, art historians, and other specialists, including metallurgists and chemists. Collectively, they show the great diversity of approaches being taken to elaborate the multiple themes associated with copper and its alloys in the material culture of medieval and post-medieval Europe. In the late Middle Ages, there was a gradual increase in the use of copper and its alloys for making everyday objects, whether for dress accessories, such as belt buckles or small decorative studs, or in kitchens and houses where the metal became a cauldron, ewer, basin or lavabo. In contrast to these common objects fabricated in serial or mass production, were the exceptional, discrete objects satisfying the needs of the aristocracy and liturgy. Such made-to-order masterpieces might include aquamanilia, candelabra or lecterns. Additionally, copper alloys were used for more colossal works of art such as columns, doors, baptisteries, fountains, funeral monuments and, of course, bells. Copper was equally sought in artisanal contexts, for artillery, for musical instruments, and for coinage. In exploring such a vast subject from multiple points of view, this volume will be of interest not only to archaeologist, but also to those involved in the history of techniques,